Fin de la conférence ...
rideau
Churchill et Staline à Yalta
Etrangement, cette conférence s'est déroulée dans une atmosphère trouble de ripaille et parfois de beuverie.
En cette première semaine de février pourtant, jamais les hommes ne se sont tant battu. Des milliers de jeunes hommes meurent ou souffrent sur le front du Rhin, sur le front de l'Oder, sur le front d'Extrême-Orient, dans la neige ou la brousse à travers toutes les mers et tous les océans du globe.
Des villes entières sont anéanties, des milliers de femmes et d'enfants sont ensevelis sous les décombres. L'Allemagne garde dans ses murs des des millions de prisonniers, dont plusieurs millions dans de véritables camps de l'enfer.
On peut éprouver quelque malaise à voir, à ce même instant, les Trois Grands qui décident des destins, s'empiffrer de caviar et de saumon fumé, ou porter des milliers de toasts dont le ton répond mal à la gravité ou aux angoisses de l'heure qui passe.
Pour ce dernier repas, ils sont treize à table. Quatorze places sont prévues, mais la chaise d'Harriman est vide: le diplomate américain participe à la suprême rédaction des documents.
fin de la conference de Yalta
Roosevelt préside, avec Staline à sa droite, Churchill, puis Molotov à sa gauche. Hopkins, principal conseiller de Roosevelt, a dû être porté à table sur une civière : personnage hallucinant galvanisé par une fantastique volonté de vivre ou de régner, il est ravagé par un cancer qui le tuera avant quelques mois.. Le service est assuré par des garçons russes en veston noir et nœud papillon noir, sous le regard imperturbable de quelques employés du protocole anglais.
C'est au milieu du repas que l'on porte les documents définitifs, aux fins de signature. On repousse verres et assiettes. On époussette quelques miettes. C'est entre caviar et rosbif que sont finalement signés les accords de Yalta, dont dépend le sort de millions d'êtres humains. D'ici et de cet instant, toute l'Europe orientale est abandonnée à Moscou.
La partie était trop inégale: Roosevelt, à Yalta, est un homme à bout de forces qui ne sait plus se battre que contre sa mort. Durant l'interminable voyage par mer des Etats-Unis à Malte, il est resté blotti dans sa cabine à lire des romans policiers, à feuilleter sa chère collection de timbres qu'il a tenu à emporter, ou à s'amuser avec sa collection internationale de petits cochons: il en a de tous bois, de tous métaux et de toutes origines.
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Conférence de Yalta